En 1176, les Andorrans reconnaissent la souveraineté de l'église d'Urgell. Ils s'engagent à verser un tribut en monnaie à l'évêque et à mettre à son service un homme de chaque maison, en cas de conflit armé. Ces obligations seront confirmées aux évêques successifs.
Les évêques d'Urgell durent demander assistance aux
seigneurs les plus proches pour se défendre des attaques
de la part des comtes d'Urgell qui voulaient regagner ces territoires
d'Andorre que leurs ancêtres avaient cédé.
En 1095 entre la maison de Caboet et l'église d'Urgell, est
signé un accord, confirmé en 1159 par un traité
entre le vicomte Arnau de Caboet et Bernat Sanç, évêque
d'Urgell. Ce traité rappelle la suzeraineté de l'église
d'Urgell sur l'Andorre, ainsi que la donation en fief des Vallées
d'Andorre à la maison de Caboe il était indiqué
que la maison de Caboet ne possédait d'autres droits sur
l'Andorre que politiques, militaires et judiciaires, les droits
du suzerain restant saufs.
Le 14 janvier 1170, Arnau de Caboet transmet ses droits sur les
Vallées d'Andorre, en fief de l'Église, à sa
fille Arnalda qui épouse Arnau de Castellbo. L'évêque
d'Urgell, inquiet de voir la maison de Castellbo participer aux
droits sur l'Andorre, fait jurer aux Andorrans, en janvier 1186,
de ne pas reconnaître Arnau de Castellbo comme leur seigneur
sans son consentement. En août 1201 il donne son accord.
En 1208, Ermessanda, la fille unique d'Arnau de Castellbo et d'Arnalda
de Caboet, épouse Roger Bernat II de Foix. De cette union
est né Roger IV de Foix dont le fils, Roger Bernat III, prit
pour épouse Marguerite de Béarn, liant les maisons
de Foix, de Caboet et de Castellbo à la maison de Béarn.
Suite à des luttes acharnées des comtes de Foix contre
l'évèque d'Urgell, un accord fut signé le 8
septembre 1278 par Pere d'Urg, évêque d'Urgell et Roger
Bernat III, comte de Foix, sous le nom de « Premier Paréage
».
Ce premier paréage a une grande importance :
Sur le plan juridique, il marque l'accord entre le seigneur de Foix
et l'évèque d'Urgell vis à vis de leurs prétentions
respectives sur les Vallées d'Andorre.
Sur le plan politique, l'évèque d'Urgell doit admettre
le comte comme associé à l'exercice actif de la seigneurie
d'Andorre et, de l'autre côté, le comte doit partager
le pouvoir qu'il a obtenu par la force.
Le premier paréage précise ainsi notamment que le
tribut, questia, sera payé à tour de rôle, un
an à la mitre et un an au comte. La justice sera exercée
conjointement par les deux seigneurs et les Andorrans auront des
obligations militaires envers les deux seigneurs, sauf si un conflit
oppose le comte à l'évêque d'Urgell.
En 1282, à la demande de l'évêque d'Urgell,
le pape Martin IV reconnaît la conformité du paréage.
Afin d'éviter de nouveaux conflits, un second paréage est signé,
le 6 décembre 1288, entre Pere d'Urg et Roger Bernat III. Le second
paréage indique qu'aucun des deux seigneurs ne peut construire de
château ou de forteresse sans un consentement mutuel.
Tout au long du XIVè siècle, les deux princes exercent très souvent leur pouvoir sur les Vallées d'Andorre sans concertation. Les comtes de Foix accordent aux Andorrans des privilèges, franchises et libertés notamment en matière militaire, les évêques établissent des ordonnances en matière judiciaire et fiscale.
Au cours du XVè siècle, les alliances, les héritages,
les legs, accroissent et modifient de façon considérable
les possessions de la maison de Foix. Jean II hérite de la
Navarre. Henri de Navarre devient Henri IV et rattache les droits
de co-seigneurie des comtes de Foix à la couronne de France
en 1589.
Les droits de co-seigneurie sur l'Andorre passeront ensuite aux
différents rois de France, héritiers des comtes de
Foix. En 1793, en raison de l'origine féodale des liens unissant
l'Andorre à la France, les Républicains français
refusent de maintenir les relations avec les Andorrans et de recevoir
leur tribut. C'est Napoléon qui, en 1806, rétablira
la tradition féodale et les droits de co-seigneurie de la
France sur la Principauté.
Au mois d'octobre 1967, un co-prince français,
Charles de Gaulle, sera le premier co-prince après plus de
600 ans à venir en Principauté, et en août 1973,
la ville française de Cahors, verra la rencontre des deux
coprinces, l'évêque d'Urgell, Joan Martí Alanis,
et le président de la République française,
Georges Pompidou. Depuis, tous les présidents de la République
française sont venus en Andorre et ont entretenu des contacts
avec leur homologue co-prince.
Début des années 80 apparait la nécessité
de réformes des institutions. En effet, un certain nombre
d'anachronismes sont dénoncées dans divers domaines,
notamment en matière de souveraineté, de droits de
l'homme, d'équilibre des pouvoirs.
En 1981, avec l'accord des coprinces, est créé le
gouvernement andorran, sous la dénomination de Conseil exécutif.
Différents chantiers de réformes sont mis en place
(code pénal, code administratif), toujours avec l'accord
des coprinces.
Au printemps 1991, une négociation est engagée en
vue d'élaborer une Constitution. Pendant deux ans, une délégation
du Conseil général et une délégation
pour chacun des coprinces se concerteront. La négociation
sera longue et difficile, mais la volonté de tous permettra
de dépasser toutes les difficultés.
Le texte sera approuvé unanimement par les coprinces et le
Conseil général des Vallées. Il est soumis
au référendum et approuvé par le peuple andorran
le 14 mars 1993. Ce jour est célébré depuis
chaque année. Quelques mois plus tard, Andorre sera admise
à l'ONU. La volonté d'arriver à la souveraineté
avec l'élaboration d'une Constitution, ont permis au peuple
Andorrant de trouver leur statut actuel sans rupture avec le passé,
dans le calme et en conservant cette co-principauté qui faisait
leur originalité et leur force.